LE VRAI SEVRAGE

LE SEVRAGE, L’EDUCATION et L’ADOPTION DU CHATON

Compte tenu de la pratique de certaines personnes, il nous est apparu indispensable de publier cet article.

Si l’on parle beaucoup du sevrage du chaton en matière d’alimentation, beaucoup ignorent qu’il existe un autre type de sevrage chez les jeunes chats : le sevrage psychosocial.

Mais de quoi s’agit-il ? A quel moment intervient-il, et pourquoi est-il extrêmement important ? ,

Marie-Hélène Bonnet, comportementaliste du chat, nous l’explique :

Dans la tête de la plupart des gens, le chaton est sevré quand il mange et va seul à la litière, vers 8 semaines.

Si on fait un comparatif humain, comme j’aime en faire souvent pour aider à mieux cerner nos amis à 4 pattes, on se dit qu’on ne laisserait jamais son enfant de 10 ans, sous prétexte qu’il sait se nourrir seul et se laver seul, vivre seul, dans un appart à lui, avec CB et voiture ! On aurait très vite un scénario catastrophe… Pour le chaton, c’est pareil

2 phases d’apprentissage pour le chaton

Le chaton apprend en 2 phases divisées en 3 parties de 1 mois (oui, j’ai bien dit 2 phases en 3 fois un mois !) Au cours du premier mois, le chaton n’apprend rien, ou presque. Il tète, il dort. Sa mère lui fait sa toilette. Vers 4 semaines, il sort du nid, et là commence la première phase : la phase dite de vicariance (ou mimétisme). Il observe sa mère, et les chats adultes qu’il peut croiser. Et il refait ce qu’il a vu. Se toiletter, manger, aller au bac et gratter, entre autre choses. Le sevrage psychosocial du chaton, c’est quoi ?

Il apprend tout ce que la chatte va faire, et elle en profite pour se mettre en scène. Les petits refont, et la chatte reprend les erreurs commises par les chatons. Vers 8 semaines, le chaton devient indépendant pour les tâches essentielles. Là, la 2ème phase va commencer. C’est là que le chaton va se socialiser et se sociabiliser (apprendre à vivre avec les chats, et avec les autres espèces, notamment humaine). Mais surtout, il va apprendre les limites, les us et coutumes du savoir vivre félin, en quelque sorte. Les limites lors d’un câlin : on ne doit pas mordre ou griffer. Les limites du jeu : on ne doit pas faire mal. Les limites de la chasse : on doit honorer sa proie en la faisant souffrir. Les limites de la bagarre : le respect de la hiérarchie, mais le fait aussi qu’il n’y a pas de limites quand on a un adversaire qui empiète sur notre territoire !

Là encore, la chatte se met en scène, et reprend les chatons dès qu’une chose n’est pas faite correctement. Elle va aussi apprendre aux petits à faire face à toutes les situations possibles et envisageables. Selon l’éducation de la chatte faite par sa mère, le savoir de la chatte et les situations qu’elle a pu rencontrer, elle va pouvoir apprendre plus ou moins de choses à ses petits. Une chatte de rue a plus à apprendre à ses chatons qu’une chatte de race vivant en intérieur. Malgré tout, l’instinct est là et permet à la chatte d’apprendre des choses auxquelles elle n’a jamais été confrontée.

Quand la chatte rejette ses petits

Suivant le nombre de chatons, leur facilité d’apprentissage, les méthodes de la chatte, cette période prend fin entre 11 et 14 semaines. En général, on estime à 13 semaines cette fin de « scolarisation » obligatoire.

La chatte ayant tout appris à ses chatons, veut reprendre le cours de sa vie, elle va donc repousser (plus ou moins violement) ses chatons. A partir de ce moment, la chatte ne reconnaît plus les chatons comme étant ses petits, mais elle les considère comme des « intrus » dans sa vie. Ceci explique la difficulté de faire cohabiter sur le long terme une chatte et un de ses petits.

Un sevrage indispensable

Il faut savoir que sans cette phase, le chaton reste puéril toute sa vie, n’ayant pas eu le top départ de sa mère. Et un chat même âgé de 18 ans attend encore ce moment ! Il ne s’estimera jamais prêt à vivre en adulte sinon. Il peut aussi mordre quand on le caresse ou encore griffer. Faire pipi, à cause d’une mauvaise gestion face à un stress peut être couramment observé.

Il peut aussi y avoir des complications côté maman : mammites, infections diverses et variées, et autres joyeusetés, mais aussi déprime, voir dépression face à la perte de ses petits. Et un chat en dépression est un chat condamné, on peut sauver un chat stressé, angoissé ou en pré dépression, mais en dépression, c’est impossible : aucun médicament, aucune thérapie ne peut plus agir. Le chat se laisse mourir de faim, et refuse de faire sa toilette.


Il va de soi que le chaton aussi peut se laisser mourir, voir déclencher des maladies auto-immunes prématurément (je pense à la PIF, le stress est un élément déclencheur connu).

Bien sûr, il y a toujours les exceptions qui confirment la règle : un chat de 2 mois qui se comporte parfaitement toute sa vie sans souffrir de ce manque (enfin, en apparence !) Mais ils sont rares, et cela concerne surtout les chatons séparés vers 10 semaines, ceux qui ont eu un début d’apprentissage.

Il est donc indispensable que la chatte garde ses petits 13 semaines afin de finir leur éducation.

On ne peut donc séparer (sauf impossibilité incontournable) la mère de son petit avant la fin du sevrage psychosocial sans conséquences lourdes pour le chaton (futur chat adulte) et une souffrance psychologique importante de la mère qui va rechercher désespérément ses chatons.

Cette pratique peut être assimilé à un cas de maltraitance !!!!!